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dimanche, 22 février 2009

Lettre (par G.)

Je vous livre des extraits de cette lettre - qui n'est ni de lui ni de moi, mais de notre soeur - qui m'a beaucoup touchée et qui rejoint ma méditation sur le départ de notre Raymond.

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Chers tous

 

 

Le 30 janvier, je terminais ma dernière lettre.

Aujourd’hui, G. laisse un peu voguer son imagination et se permet d’écrire à ma place, en espérant que vous ne trouverez pas cette démarche irrévérencieuse ou malvenue.

 

Depuis le 11 février, je suis entré dans l’Eternité. Le temps ne se compte plus vraiment ici, mais je sais que pour vous tous, presque 15 jours, c’est déjà long. J’aurais tant et tant à vous dire ! Je vous disais dans ma dernière lettre « ce qui est sûr, c’est qu’on aura des sujets de conversation animés pour la famille Guérin et annexes, même si déjà, on n’en manque pas ! ». Je ne croyais pas si bien dire !

 Maintenant, je tiens à préciser que je ne suis plus le petit dernier ; je suis le premier ; ça vous a tous surpris, moi aussi ! Je n’ai pas le droit de vous dire où je suis, cela fait partie des secrets de ceux qui ont rejoint l’Eternité ; mais de cet endroit, j’entends vos mots, vos soupirs, vos prières, je me réjouis de tout ce que vous offrez pour moi ; il n’y a plus de secret de vous à moi ; j’en garde vis-à-vis de vous, mais c’est ma position de premier né qui veut cela.

La moindre petite pensée ou action que vous offrez me procure du bien et me permet d’être plus uni à vous. C’est particulièrement vrai lorsque vous êtes à la messe et que vous communiez. A ces moments d’intimité entre Dieu et vous, je participe ; mon âme est très proche de la vôtre, même si je trouve vos prières bien imparfaites et distraites… c’est votre condition d’êtres de chair qui vous empêche d’être aussi spirituels que moi.

Bien sûr, parfois je vous sais tristes, j’en vois qui pleurent, qui sont très émus à mon souvenir ; c’est bien normal ; sur terre, moi aussi je réagissais comme vous ; l’évocation de mon grand saut vers l’Eternel vous peine ;  mais au fond de vous, vous savez bien que c’était mon heure, que ce 11 février, Notre Dame de Lourdes m’a donné le plus grand des rendez –vous et vous a ainsi laissé entendre que j’étais prêt. Quel cadre de rendez-vous : imaginez vous cette neige immaculée, sans trace, sur laquelle je marchais le cœur plein d’entrain, pour un déjeuner sur un sommet avec mes six camarades : et puis, voilà, en un rien de temps, me voilà invité au festin éternel, au plus haut de la plus belle des montagnes ! Pour une surprise, c’en est une de qualité !

[...]

Papa et Maman, vous qui m’avez permis de consacrer ma vie à Dieu, merci pour ces 23 années d’éducation et d’amour ; vous m’avez fait le plus beau des cadeaux après la vie : me permettre d’entendre et de  répondre à l’appel de Dieu. Vous auriez tant aimé être père et mère de prêtre ! Clerc, c’est déjà pas si mal ;  et puis, vous ne savez pas ce que Dieu m’a réservé. Vous ne serez pas déçus ! Ste Thérèse de L’Enfant Jésus est bien patronne des Missions sans avoir voyagé, alors vous pouvez imaginer que Dieu est plein de ressources pour mon cas.  Cela vous blesse sans doute que je sois déjà parti, mais vous avez l’immense satisfaction d’avoir rempli totalement votre mission vis-à-vis de moi : je vous ai été confié ; vous m’avez rendu à mon Créateur. Il reste encore les quatre autres… bon courage !

[...]

A vous tous, je répète mon dernier message manuscrit :

« Je continue à bien prier pour vous tous, et je sais que vous aussi vous ne m’oubliez pas. Soyez des saints ! ».

 Je sais et vous savez tous que l’un après l’autre, vous allez prendre ma suite ; je vous souhaite que ce soit dans d’aussi belles conditions que moi.

Comme moi, vous savez que la seule chose qui compte vraiment, c’est que nous soyons tous un jour à nouveau réunis pour toujours, pour un bonheur dont vous n’avez même pas idée, mais qui vaut tant la peine de supporter quelques difficultés ; de mon côté, je fais tout pour que vous y arriviez, mais il faut y  mettre du vôtre. Si vous saviez comme je travaille pour vous tous !

 

 

Le dernier né, et premier arrivé de la famille.

DSCN4577.JPG

samedi, 14 février 2009

Funérailles à Ecône

 

 

cercueil absoute écône.jpg
Le cercueil, pendant l'absoute, devant le caveau.
Une magnifique cérémonie, apaisante et pleine d'espérance.
Benoît était ravi de glisser sur la neige, de la goûter, d'y jouer...
Article du Nouvelliste, journal local :

Requiem à Ecône

16 février 2009 - Vincent Pellegrini  - 

Les obsèques des séminaristes emportés par l'avalanche de Cleuson ont eu lieu samedi.

Ils étaient tous trois séminaristes à Ecône et ils avaient entre 20 et 22 ans. Ils ont perdu la vie mercredi passé dans l’avalanche de Cleuson alors qu’ils faisaient de la raquette.
Samedi, Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, a célébré à Ecône leurs obsèques et la messe de requiem pour le repos de leurs âmes. La grande église était emplie de fidèles, de parents, d’amis et la cérémonie était diffusée en vidéo dans une vaste crypte pour ceux qui n’avaient pas pu trouver place dans le sanctuaire.
Dans le chœur, deux catafalques et un cercueil. L’un des malheureux n’a en effet pas encore été retrouvé et la dépouille d’un autre a déjà été rapatriée en France. C’est donc un seul séminariste français – sur trois – décédé à Cleuson qui a rejoint samedi sa dernière demeure terrestre dans le caveau d’Ecône où reposent déjà Mgr Marcel Lefebvre et d’autres membres de la Fraternité Saint-Pie X.

Sobriété et émotion

La cérémonie, qui a duré plusieurs heures, a été sobre, rythmée par la sacralité des gestes liturgiques et par le dépouillement du chant grégorien.
Visiblement très ému au moment de prononcer son sermon, l’évêque valaisan Bernard Fellay a surtout consolé les familles et la communauté d’Ecône secouée par ce drame. Il a expliqué qu’on pouvait légitimement se poser des questions pour éviter que ne se reproduisent de telles choses dans le futur, mais que en ce jour il fallait «regarder plus haut», vers le Ciel.

 

Pour voir des photos :

http://www.lenouvelliste.ch/fr/news/valais/requiem-a-econ... et http://www.dici.org/preview.php?id=65

vendredi, 13 février 2009

Témoignages

Ramón en La Gina 175.jpg
Raymond en République Dominicaine, août 2008.

D'un survivant

Ecône, le 12 février 2009, à 10h00

Chère famille, chers amis

Peut-être certains d’entre vous l’ont-ils déjà appris, sinon je tiens à vous en informer, ne serait-ce que pour remédier aux informations incomplètes, une rude épreuve a frappé hier le Séminaire d’Ecône. Trois séminaristes de 3ème année ont en effet trouvé la mort en montagne, dans une avalanche (pour ceux qui les connaissent, il s’agit de Jean-Baptiste Després (22 ans), Raymond Guérin (22 ans) et Michaël Sabak (20 ans)).

Après les examens semestriels, nous avions 4 jours de « vacances », avec sorties libres. Ce mercredi 11 février 2009, nous avions décidé, nous sept séminaristes (tous de 3ème année, tous français) de sortir pour la journée en montagne ; au programme : marche en raquettes vers un refuge, grillades, et redescente dans la soirée, pour être de retour au séminaire à 18h30. Nous sommes donc partis vers 09h00 du séminaire, avons laissé la voiture à 10h30, et de là, sommes partis en raquettes dans la neige vierge, sur un sentier qui conduisait à un grand barrage hydroélectrique, en altitude. Parvenus au sommet du barrage vers 12h45, un panneau indiquait notre refuge à encore 1h20 de marche, de marche normale. Mais le sentier qui y conduisait était recouvert d’1m50 de neige, et était vierge de toute trace, si bien qu’il nous fallait nous-même faire la trace en raquettes. Ce sentier surplombait le lac, à 50 m au-dessus de lui. Nous étions deux à ne pas vouloir y aller, fatigués, affamés… aussi marchions-nous en retrait par rapport aux autres, 50 m derrière eux. A un moment, le sentier contournait un rocher en surplomb du lac, et ils disparurent à nos yeux. L’un d’eux pourtant, voulant savoir ce que nous faisions, est revenu sur ses pas, et réapparut de derrière le rocher. Nous échangeâmes quelques mots, et tous deux le rejoignîmes. Alors, regardant vers le groupe qui nous précédait, nous ne vîmes que les traces qui s’arrêtaient, à 40 m de nous, une traînée d’avalanche, et en contrebas, la glace du lac brisée avec les restes de l’avalanche, mais nous ne distinguions rien d’autre, la réverbération de la neige nous aveuglant, et le tout se trouvant à 100m de nous. Nous comprîmes aussitôt, tous trois, le drame qui venait de se dérouler. Voyant que nous ne pouvions en aucun cas leur venir en aide, nous repartîmes en direction du barrage, il était 13h. Après quelques minutes de course difficile, nous atteignions la « maison des gardiens du barrage ». La porte était ouverte, la maison déserte, et près de la porte, un téléphone : la Providence. J’appelais alors au 112, et le centre de secouristes de montagne me répondit immédiatement. Quatre personnes étaient alors dans l’avalanche, peut-être dans le lac même. En un temps record(15 mn), 2 « alouettes III »arrivaient sur les lieux, et au bout d’1/2 h, ramenaient un de mes meilleurs amis, Eric Peron : celui-ci n’avait pas perdu connaissance, et, totalement sous la neige, avait avec son bras ménagé une poche d’air devant sa bouche, ce qui le sauva. Peu après, il s’aperçut que la neige était plus blanche au-dessus de lui : devinant qu’il était proche de la surface, (il avait les pieds dans l’eau du lac, et était bloqué jusqu’à la ceinture) il ménagea un puits avec son bras libre, qui atteint la surface de la neige en effet, et il eut la présence d’esprit de défaire son écharpe, et de la jeter par le puits. Les sauveteurs la virent, et avec les chiens, le dégagèrent. Il leur indiqua un confrère, Raymond, dont il voyait les pieds : celui-ci était déjà mort. Nous, de la maison du gardien, nous vîmes donc Eric arriver, puis Raymond ; Eric marchait et semblait bien, mais Raymond était couché, nous ne fûmes avertis que plus tard qu’il était mort. Vers 15h, on nous emmena en hélicoptère (c’était mon baptême de l’air…) à la base des sauveteurs, à Sion, où la police nous prit en charge. Eric était déjà à l’hôpital, et allait bien, sans aucune fracture. On nous retînt très longtemps au centre de police, pour l’enquête du drame. En tant que le plus âgé des témoins, on me fit faire un long rapport, que les deux autres confirmèrent. Entre-temps nous avions appris que Raymond était décédé, et que Jean-Baptiste et Michaël n’étant toujours pas retrouvés, ils n’avaient plus de chance de s’en sortir. Le soir, à 19h, on nous amena au centre funéraire, où se trouvait déjà Eric, auprès du corps de Raymond. A 20h30 nous étions ramenés tous quatre au séminaire. Les recherches ont été arrêtées pendant la nuit, et ont repris ce matin.

Voilà le récit du drame. Ici tout le monde est sous le choc. Trois jeunes et belles âmes ont retrouvé le Père éternel. Quatre miraculés (puisque si nous n’avions pas hésité, nous tombions tous dans l’avalanche, et, personne ne pouvant donner l’alerte, les recherches auraient commencé à 19h, trop tard pour nous sept. Les voies de Dieu sont impénétrables) remercient le Seigneur pour la vie qu’Il a daigné leur laisser, et pleurent la mort de leurs amis. Je vous demande instamment vos prières pour ces âmes défuntes, pour leurs familles rudement éprouvées, et pour vous unir à notre gratitude envers la miséricorde céleste, de nous avoir laissé la vie.
Je vous embrasse tous très fort,
Benoît

Requiescant in Pace

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De Brian, un ami anglais

http://thesensiblebond.blogspot.com/2009/02/raymond-gueri...

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De Christine, une Philippaine

Pray for Me

The day that I'm no longer there
I won't ask you not to care
but there some things I don't want
for you to do when I am gone

Don't throw a party in my name
don't cry too long cause it's in vain
don't wish that I would come right back
there's more to life than only that

Don't leave me gifts upon my grave
don't hate the One that made me leave
I'd trade one Ave for each rose
I can use that more than those

Don't say my life came to an end
don't be ashamed to move along
but if you loved me here, my friends
oh, won't you help me when I'm gone?

Don't pretend I was never there
because I'm still alive somewhere
but please don't hang me on your wall
if you won't pray for me at all

So if you care for me my friends
then please don't let your praying end
cause even if I'm in heaven now
someone else could use them anyhow

I've got a heavy debt to pay
have you any water for my grave?
and if you can't visit my bones
please pray for me right from your homes

And if you'd visit me on earth
remember me for what it's worth
cause I may be suffering till I pay
so, please don't leave me alone that way

So don't go on in misery
And don't lament what couldn't be
because in heav'n I hope we'll meet
but until then, just pray for me.

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Communiqué de la FSSPX

http://www.laportelatine.org/district/france/bo/DC3semina...

Réflexion à part : savent-ils combien ils font souffrir, ceux qui commentent les faits sans savoir, parlant d'imprudence, de châtiment, de bêtise ? Accepter la mort d'un être cher est bien assez difficile, que les autres ne se mêlent pas de faire mal inutilement.